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LES FRANCS TIREURS.

sez aux propositions que je vous fais au nom du gouvernement que j’ai l’honneur de servir, je les crois de tous points avantageuses pour vous. Maintenant, que ceux qui veulent s’engager à bord de la corvette passent à bâbord, tandis, que ceux qui préfèrent être mis à terre n’ont qu’à demeurer où ils sont. L’officier d’administration fera signer l’engagement et comptera immédiatement la prime.

Le capitaine Johnson avait installé l’officier d’administration du brick au pied du mât d’artimon sur une chaise avec une table devant lui et des sacs pleins de piastres à ses pieds.

Cette mise en scène obtint le plus grand succès ; il n’en fallut pas davantage, la vue des piastres acheva de décider les plus irrésolus. Au commandement de : Allez ! dit par le capitaine, les matelots se précipitèrent en foule vers l’officier d’administration, qui, bientôt ne sut plus auquel entendre, tant chacun avait hâte de toucher sa prime.

Le capitaine sourit à ce résultat de son éloquence, mais il jugea à propos de venir en aide à l’officier chargé de l’enrôlement, et, d’après son ordre, les matelots mirent un peu moins de précipitation à se présenter à lui.

L’enrôlement dura deux heures. Tous les matelots s’étaient engagés, tous faisaient maintenant sauter joyeusement dans leurs mains calleuses les belles piastres qu’ils avaient reçues, et, certes, si un navire mexicain s’était présenté en ce moment, le nouvel équipage l’aurait rudement reçu et s’en serait infailliblement emparé.

Du reste, le résultat obtenu par le capitaine Johnson était facile à prévoir : dans tout matelot,