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LES FRANCS TIREURS

Après les avoir félicités sur la façon intelligente dont ils avaient compris et exécuté ses ordres, il leur dit qu’il n’avait nullement l’intention de les retenir prisonniers ; que la plupart d’entre eux étaient des Texiens comme lui, qui, en cette qualité, avaient droit à toutes ses sympathies. En conséquence, les matelots qui ne voudraient pas servir la république texienne seraient immédiatement mis à terre sur le premier point du territoire mexicain où toucherait le bâtiment ; quant à ceux qui consentiraient à servir leur pays et à demeurer à bord de la corvette, leurs appointements seraient portés à vingt-cinq piastres par mois, et, afin de leur prouver les bonnes intentions du gouvernement texien à leur égard, un mois de gratification leur serait accordé à titre de prime pour leur engagement, et payés séance tenante.

Cette proposition généreuse fut accueillie avec des cris et des trépignements de joie par ces hommes qui commencèrent immédiatement à supputer intérieurement combien de verres de tafia et de mesures de pulque ils pourraient consommer pour cette somme fabuleuse de vingt-cinq piastres. Les pauvres diables, depuis qu’ils étaient au service du gouvernement mexicain, n’avaient encore été payés qu’en promesses, et, depuis longtemps déjà, ils trouvaient que cette solde était par trop maigre.

Le capitaine connaissait cette circonstance, il vit l’effet qu’il avait produit et continua au milieu d’un religieux silence :

— Ainsi, c’est convenu, matelots, vous êtes libres de ne pas demeurer à bord, où je ne prétends pas vous retenir prisonniers ; seulement, réfléchis-