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LES FRANCS TIREURS.

coiffure féminine et apparut sous les vêtements masculins que portait El Alferez dans la pulqueria.

Cette transformation avait été tellement rapide que l’équipage et les officiers de la corvette n’étaient pas encore revenus de l’étonnement que leur causait cette étrange métamorphose, lorsque le jeune homme saisissant un pistolet à sa ceinture, l’armait et en dirigeait le canon sur un amas de gargousses montées par les mousses sur le pont lors du branle-bas de combat, et que dans le désordre qui avait suivi la chute de la mâture, ils avaient laissé pêle-mêle au pied du mât d’artimon.

— Rendez-vous, cria El Alferez d’une voix tonnante, rendez-vous, ou vous êtes morts.

Don Cristoval et don Serapio se tenaient à droite et à gauche du jeune homme, un pistolet de chaque main.

Ramirez avait, de son côté, mis le temps à profit ; par ses soins, deux caronades du gaillard d’avant avaient été retirées de leurs sabords, braquées sur l’arrière, et deux matelots, mèche en main, se tenaient immobiles auprès d’elles, n’attendant qu’un signal pour faire feu.

Ramirez et les quatorze hommes qui lui restaient, rangés derrière les pièces, couchaient en joue les matelots mexicains.

L’équipage était pris entre deux feux. Deux cent cinquante homme étaient à la merci de vingt.

La position était désespérée.

Le commandant n’avait plus même la ressource de se faire tuer honorablement.

Les événements s’étaient accomplis avec une telle rapidité, ce coup de main préparé depuis longtemps