Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
328
LES FRANCS TIREURS

voiles dehors, s’était lancée à la poursuite du brick du capitaine Johnson.

Cependant l’air plus vif qui pénétrait par les fenêtres de la galerie, le mouvement lent et mesuré du navire que le roulis commençait à balancer, avertirent les convives que la corvette avait quitté le mouillage.

— Eh ! fit tout à coup don Cristoval, et notre chaloupe, qu’est-elle devenue ?

— On l’a laissée mouillée sur une bouée, répondit le commandant ; nous la reprendrons en regagnant le mouillage.

— Eh ! mais, observa don Serapio en riant, si le corsaire avait la velléité de combattre, les seize hommes de notre équipage sont tout à votre disposition.

— Je vous remercie, mais je crois que je n’aurai pas besoin de leur secours.

— Qui sait ? nul ne peut prévoir les événements. Nos matelots sont braves, et s’il y a combat, soyez certain qu’ils y prendront part.

Seul un des convives était demeuré muet pendant tout le repas, se contentant de boire et de manger en écoutant attentivement ce qui se disait autour de lui. Ce convive était le lieutenant chargé du détail de la corvette. Aussitôt que le navire eut appareillé, il quitta la table, salua à la ronde et monta sur le pont.

— Votre lieutenant n’est pas causeur, commandant, observa doña Mencia ; il n’a desserré les dents que pour manger et boire.

— C’est vrai, señorita, mais veuillez l’excuser, je vous prie ; c’est un vieux marin peu au fait des