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LES FRANCS TIREURS

pathies pour la révolution texienne étaient connues, de donner aux insurgés des secours en armes, en hommes ou en argent.

Le commandant Rodriguez, homme énergique et excellent marin, avait été choisi pour exécuter cette dangereuse mission ; depuis deux mois il croisait sur les côtes du Texas où il avait établi un blocus rigoureux, et, grâce à son intelligente initiative, il avait réussi, jusqu’à l’époque où nous sommes arrivés, à arrêter ou à faire rebrousser chemin à tous les bâtiments expédiés des États-Unis au secours des insurgés.

Ceux-ci, réduits à leurs propres forces et comprenant que l’heure décisive n’allait pas tarder à sonner pour eux, avaient résolu d’en finir avec cette corvette qui leur causait d’énormes préjudices, et de s’en emparer coûte que coûte.

Les chefs des révoltés avaient dressé leurs batteries en conséquence. Pendant les rares visites faites par le commandant Rodriguez à Galveston, il avait été adroitement circonvenu par des personnes qui ostensiblement professaient pour la révolution une haine profonde, tandis qu’en secret elles étaient les agents actifs et dévoués des chefs insurgés. Presque malgré lui le commandant avait été amené à inviter plusieurs personnes à venir visiter sa corvette et à déjeuner à son bord ; mais le vieux marin était un Mexicain de race, c’est-à-dire habitué à toutes les fourberies et les trahisons d’un pays où les révolutions se comptent par centaines, depuis vingt ans à peine qu’il a proclamé sa soi-disant indépendance ; sa prudence ne lui fit pas défaut dans cette circonstance. Ne se souciant nullement de