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LES FRANCS TIREURS.

Le capitaine ouvrit vivement sa longue-vue et il la braqua sur le navire mexicain.

— En effet, dit-il au bout d’un instant. Oh ! oh ! notre audacieux coup de main aurait-il réussi ?

— Tout le fait supposer, reprit le chasseur toujours impassible.

— Vive Dieu ! j’en aurai le cœur net.

— Que voulez-vous faire ?

— Pardieu ! m’assurer de ce qui se passe.

— À votre aise.

— Laisse arriver !… commanda le capitaine.

La manœuvre s’exécuta, les boulines furent larguées, et le navire, prenant plus d’air dans ses voiles, s’avança rapidement vers la corvette où, en effet, se passait en ce moment une scène étrange, dont le résultat devait, au plus haut degré, intéresser le capitaine Johnson.

Mais pour bien expliquer cette scène au lecteur, il nous faut, à présent, retourner auprès de El Alferez et de ses compagnons que nous avons abandonnés à leur sortie de la pulqueria.

Au moment où nos quatre personnages atteignirent le môle, bien qu’il fût environ sept heures du matin, la plage était encore à peu près déserte ; seulement quelques embarcations des navires mouillés sur rade accostaient le môle et mettaient à terre les hommes chargés d’aller aux provisions.

Il fut donc facile aux conspirateurs de s’embarquer sans attirer l’attention sur leurs mouvements.

Au signal donné par Ramirez, l’embarcation, qui avait passé la nuit à louvoyer bord sur bord, se rapprocha de terre, puis, lorsque nos quatre per-