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LES FRANCS TIREURS

qu’un homme tué et trois légèrement blessés ; quant aux avaries, elles étaient insignifiantes : quelques manœuvres coupées, voilà tout.

— Maintenant, dit le capitaine en descendant du banc de quart, père, dans dix minutes tu vireras de bord, et quand nous serons par le travers du fort, tu mettras le navire sur le mât, tu pareras la chaloupe et tu m’avertiras.

— Comment ! ne put s’empêcher de dire le lieutenant, est-ce que vous voulez descendre à terre ?

— By god ! reprit le capitaine, je ne viens ici que pour cela.

— Au fort ?

— Oui ; seulement, comme il est toujours bon d’être prudent, tu feras embarquer dans la chaloupe les dix hommes les plus résolus de l’équipage avec haches, sabres, fusils et pistolets ; que tout soit en ordre et prêt pour un combat.

— Je crois que ces précautions seront inutiles, dit alors un homme qui venait de monter sur le pont et s’était approché des deux interlocuteurs.

— Ah ! c’est vous, maître Tranquille, répondit le capitaine en serrant la main du vieux chasseur, car c’était lui qui s’était si inopinément mêlé à la conversation ; que dites-vous donc ?

— Je dis, reprit le Canadien de sa voix calme, que vos précautions seront probablement inutiles.

— Comment cela ?

— Dame, je ne sais pas, moi, je ne suis pas marin ; regardez vous-même ; ne vous semble-t-il pas, ainsi qu’à moi, qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire à bord de la corvette ?