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LES FRANCS TIREURS.

deux sexes qui, hurlant, criant et battant des mains, suivaient avec anxiété les péripéties de cette chasse étrange.

Tout à coup un léger nuage de fumée s’éleva de l’avant de la corvette, un coup de canon retentit sourdement, et un pavillon mexicain fut hissé à sa corne.

— Ah ! ah ! fit le capitaine Johnson en mâchant machinalement le bout du cigare qu’il tenait entre ses lèvres, elle se décide donc enfin à rompre l’incognito ? Allons, lieutenant, politesse pour politesse, montrons-lui nos couleurs, que diable ! elles en valent bien la peine.

Deux secondes plus tard, un large pavillon étoilé se déployait majestueusement à l’arrière du brick.

À l’apparition des couleurs des États-Unis, si audacieusement arborées, un hurra de colère fut poussé à bord de la corvette mexicaine, hurra répété par la foule rassemblée à la pointe du cap, sans qu’il fût possible, à cette distance, de savoir si les cris des gens groupés à terre étaient des cris de joie ou des cris de colère.

Cependant le soleil commençait à s’élever, la matinée s’avançait, il fallait en finir, d’autant plus que la corvette, confiante dans sa force et presque arrivée à portée de canon, n’allait sans doute pas tarder à ouvrir son feu contre le navire américain. Chose étrange, la garnison du fort et celle de la batterie avaient, ainsi que l’avait prévu le capitaine, laissé le brick doubler la pointe du cap sans chercher à lui barrer le passage, ce qui leur aurait été on ne peut plus facile, grâce à leurs feux croisés.

Le capitaine fit signe à son lieutenant d’appro-