— Ah ça, capitaine, reprit le lieutenant avec une certaine hésitation, nous approchons de la passe ; est-ce que vous avez l’intention de donner dedans ?
— Juste.
— Mais nous allons nous faire couler bas.
— Pas si bêtes.
— Hum ! je ne sais pas comment nous nous en tirerons.
— Tu verras ; d’ailleurs ne faut-il pas que nous allions à la recherche de notre chaloupe qui n’est point encore revenue ?
— C’est vrai ; je n’y songeais pas.
— Tu vois bien ; et nos passagers ?
— Je ne les ai point encore vus aujourd’hui.
— Bon ; ils ne tarderont pas à monter sur le pont.
— Navire ! cria la vigie.
— Voilà ce que j’attendais, dit le capitaine.
— Pour virer de bord ?
— Au contraire, pour passer sans coup férir devant le fort qui commande l’entrée de la baie.
— Je ne comprends pas.
— Sois tranquille, tu comprendras bientôt.
Et s’adressant à la vigie :
— Dans quelle direction se trouve ce navire ? cria-t-il.
— À tribord, au vent à nous ; il sort d’une crique dans laquelle il était caché et laisse arriver en plein sur le brick.
— Très-bien, répondit le capitaine ; vois-tu, continua-t-il ? en se tournant vers maître Lovel : ce navire nous donne la chasse ; nous allons peu à peu, en louvoyant, doubler le fort de la passe et la bat-