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LES FRANCS TIREURS

— Nous savons fort bien ce dont vous êtes capable, señor, mais nous ne sommes que quatre hommes, et en fin de compte.....

— Et l’équipage de la chaloupe ?

— C’est vrai : mais l’équipage de la chaloupe n’est que de seize hommes.

— Ils suffiront.

— Je le souhaite sans oser y compter.

— Bref, oui ou non, êtes-vous résolus à m’obéir quand même ?

— Nous avons fait le sacrifice de notre vie.

— Ainsi, quoi qu’il arrive, vous agirez ?

— Quoi qu’il arrive.

— C’est bien.

El Alferez sembla réfléchir un instant, puis s’adressant au pulquero qui se tenait inquiet auprès de lui.

— Vous a-t-on remis quelque chose pour moi ? lui demanda-t-il.

— Oui, seigneurie ; ce soir à l’oraison un homme a apporté une malle sur ses épaules.

— Où est-elle ?

— Comme cet homme m’a assuré qu’elle contenait des objets d’une valeur assez importante, j’ai fait placer cette malle dans ma chambre afin qu’elle fût en sûreté.

— Conduisez-moi à votre chambre.

— Comme il vous plaira, seigneurie.

— Señores, dit El Alferez en s’adressant aux deux officiers de marine et à Ramirez, attendez-moi dans cette salle : dans dix minutes je suis à vous.

Et sans attendre de réponse, il fit signe au pulquero de le conduire, et il sortit de la salle d’un pas rapide.