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LES FRANCS TIREURS

— Au revoir.

Les deux hommes se serrèrent la main, et le Jaguar sortit de la pulqueria, suivi par ces hommes fauves qui marchaient silencieusement derrière lui, comme des bêtes féroces allant à la curée.

Il ne resta plus bientôt dans la salle que El Alferez, les deux officiers de marine, Ramirez et le pulquero qui, les yeux agrandis par la terreur, regardait et écoutait tout cela sans y rien comprendre.

El Alferez demeura immobile, le corps penché en avant, tant qu’il lui fut possible de percevoir le bruit de plus en plus faible des pas des hommes qui s’éloignaient ; lorsque tout fut rentré dans le silence, il se redressa, et se tournant vers ses compagnons attentifs comme lui ;

— À la grâce de Dieu ! dit-il en faisant pieusement le signe de la croix ; maintenant, caballeros, à notre tour.

— Nous sommes prêts, répondirent les trois hommes.

Et Alferez jeta un rapide regard autour de la salle.

Le pulquero, soit curiosité, soit désœuvrement, soit tout autre motif, se tenait immobile dans un angle reculé de la salle, suivant d’un œil attentif les mouvements de ses singulières pratiques.

— Holà, lui dit El Alferez, approchez.

Le pulquero ôta obséquieusement son chapeau de paille et se hâta d’obéir à cette injonction qui n’admettait pas de réplique.

— Que désirez-vous, seigneurie ? dit-il.

— Vous adresser une question.

— Faites.

— Aimez-vous l’argent ?