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LES FRANCS TIREURS.

À cette question, comme à toute autre, il nous est impossible de répondre, quant à présent, du moins.

Après avoir promené un regard hautain et assuré sur les assistants groupés en désordre autour de lui, le jeune homme s’appuya contre un tonneau renversé, et d’une voix un peu traînante, avec une nonchalance affectée, il dit en souriant aux individus qui l’entouraient :

— Eh bien ! mes drôles, vous êtes-vous bien divertis ?

Il y eut dans les rangs de l’assemblée un murmure de satisfaction unanime.

— Bien ! mes coyotes, reprit-il du même ton sournoisement railleur ; vous avez besoin de sentir un peu le sang, maintenant, n’est-ce pas ?

— Oui, reprirent en chœur les sinistres personnages.

— Oh ! rassurez-vous ; je vous le ferai sentir avant peu et de façon à vous satisfaire. Mais je ne vois pas Ramirez parmi vous ; est-ce qu’il aurait eu la maladresse de se faire pendre. Bien qu’il ait mérité de l’être depuis longtemps, je ne le crois pas assez niais pour s’être laissé appréhender par les espions du gouvernement mexicain.

Ces paroles furent prononcées d’une voix douce, harmonieusement timbrée mais cependant incisive et un peu criarde.

— J’ai entendu mon nom, dit Ramirez en apparaissant sur le seuil de la porte.

— Certes, je l’ai prononcé. Eh bien ! est-ce que tu est seul ?

— Non pas.

— Ils sont là tous deux ?