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LES FRANCS TIREURS

— Fort bien. Ainsi c’est toujours pour cette nuit ?

— Vous devez le savoir mieux que moi.

— Ma foi non.

— Vous ne l’avez donc pas vu ?

— Qui ?

— Lui, pardieu !

— Non.

— Diable ! cela est contrariant.

— Je n’avais pas besoin de le voir.

— Mais moi c’est autre chose.

— Pourquoi donc ?

— Parce que j’ai exécuté ses ordres, puisqu’ils sont avec moi.

— C’est juste.

— Vive Dios ! J’ai été contraint d’employer la ruse pour les faire consentir à me suivre jusqu’ici.

— Pourquoi ne les pas faire entrer tout de suite ?

— Je m’en garderais bien, quant à présent du moins. Ce sont des officiers de marine froids et compassés, dont le sourire en n’importe quelle circonstance ressemble toujours à une grimace, tant leurs lèvres minces sont pincées ; les allures un peu débraillées de nos dignes associés, ajouta-t-il avec un sourire, pourraient leur déplaire.

— Mais quand le maître arrivera ?

— Oh ! alors ce sera lui que tout regardera.

Au même instant un sifflement aigu se fit entendre au dehors.

Les joueurs se levèrent comme s’ils eussent été frappés par une commotion électrique.

Ramirez se pencha à l’oreille des deux hommes.

— Le voilà ! leur dit-il à voix basse, à bientôt.