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LES FRANCS TIREURS.

sans doute par la difficulté de reconnaître dans la foule celui où ceux à qui il avait affaire, il entra dans le rancho et se dirigea violemment et d’un pas rapide vers les étrangers.

Ceux-ci se retournèrent au bruit de sa marche et firent un mouvement de joie en le reconnaissant.

Le nouveau venu, le lecteur l’a sans doute deviné déjà, n’était autre que Ramirez.

Les trois hommes se serrèrent la main avec une expression de plaisir qui montrait que pour eux ce n’était pas une de ces banales politesses dont on a la coutume de tant abuser dans la vie soi-disant civilisée des villes.

— Eh bien, demanda Ramirez, qu’avez-vous fait ?

— Rien, répondit un des deux hommes, nous vous attendions.

— Et ces drôles ? reprit-il :

— Ils sont déjà aux trois quarts ruinés.

— Tant mieux, ils ne marcheront qu’avec plus d’entrain.

— Ils ne peuvent tarder maintenant à voir le fond de leurs bourses.

— Vous croyez ?

— J’en suis sûr ; ils jouent depuis huit heures du matin, à ce que dit le pulquero.

— Sans désemparer ? fit le marin avec étonnement,

— Ils n’ont point cessé une minute.

— Tant mieux.

— Ah çà ! dit un des inconnus, êtes-vous donc venu seul ? Et ceux que vous vous étiez fait fort d’amener ?

— Ils sont là ; vous les verrez dans un instant.