Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
LES FRANCS TIREURS.

— Ainsi vous connaissez les conditions que j’ai imposées au général Rubio ?

— Et qu’il a été contraint d’accepter. Oui, je les connais ; je sais aussi que vous êtes un homme trop fin et trop déterminé pour ne pas mettre à profit ces vingt-quatre heures de répit que vous avez si adroitement gagnées. Alors j’ai désespéré de la cause que je défendais,

— Bien, don Lopez, voilà tout ce que je voulais savoir. Lorsque vous êtes entré dans notre association, vous en avez accepté toutes les lois ?

— Je les ai acceptées.

— Vous savez que vous avez mérité la mort ?

— Je le sais et je la désire.

Le Jaguar se tourna vers les conjurés qui avaient écouté, haletants de colère et d’impatience, ce singulier dialogue.

— Frères, dit-il, vous avez entendu tout ce qui s’est dit entre don Lopez Hidalgo d’Avila et moi ?

— Oui, répondirent-ils.

— Dans votre âme et conscience, cet homme est-il coupable ?

— Il est coupable, reprirent-ils avec force.

— Quel châtiment a-t-il mérité ?

— La mort.

— Vous entendez, don Lopez, vos frères vous condamnent à mourir !

— Je les remercie ; cette grâce est la seule que j’espérais et que je désirais recevoir d’eux.

Il y eut un instant de silence suprême ; tous les regards étaient fixés sur le Jaguar qui, la tête penchée sur la poitrine et les sourcils froncés, semblait plongé dans de sérieuses réflexions.