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LES FRANCS TIREURS.

don Lopez eut fini de parler, leurs sentiments se firent jour tout à coup, et ils s’élancèrent sur lui avec des rugissements de tigres.

— Arrêtez ! arrêtez ! s’écria le Jaguar en se précipitant en avant et faisant de son corps un rempart à celui contre lequel vingt poignards étaient levés, arrêtez ! frères. Cet homme l’a dit : il est en notre pouvoir, il ne peut nous échapper ; bien que son sang soit celui d’un traître, ne nous en souillons pas par un assassinat, jugeons-le.

— Oui, oui ! hurlèrent les conjurés, jugeons-le ! jugeons-le !

— Silence ! reprit le Jaguar, et se tournant vers don Lopez Hidalgo, qui pendant ce qui précède était demeuré calme et souriant comme s’il eût été étranger à ce qui se passait : Répondrez-vous franchement aux questions que je vous adresserai ? lui demanda-t-il.

— Oui, répondit simplement don Lopez.

— Est-ce purement l’amour de votre patrie, ainsi que vous la nommez, qui vous a engagé à feindre d’être des nôtres, afin de nous trahir plus sûrement, ou plutôt n’est-ce pas l’espoir d’une riche récompense qui vous a poussé à l’action infâme dont vous vous êtes rendu coupable ?

Le Mexicain haussa les épaules avec dédain,

— Je suis riche à moi seul plus que vous tous ensemble, répondit-il ; qui ne connaît le riche mineur don Lopez Hidalgo d’Avila ?

— En effet, appuya un des assistants, cet homme, je dois le dire, car je le connais depuis de longues années, ne sait pas le chiffre de sa fortune.