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LES FRANCS TIREURS

gnons, et que ce que vous allez entendre soit pour vous une leçon profitable. Celui qui a révélé le secret de vos réunions au gouvernement, l’homme qui vous a vendus, le traître, enfin, qui a voulu vous livrer, je le connais !

— Son nom ! son nom ! s’écrièrent, tous les conjurés en brandissant leurs armes avec colère,

— Silence ! commanda le Jaguar, laissez parler notre compagnon.

— Ne me donnez plus ce nom, Jaguar. Votre compagnon, je ne le suis pas, je ne l’ai jamais été. Je suis votre ennemi, non pas votre ennemi à vous personnellement, je ne vous connais pas, mais l’ennemi de tout homme qui cherche à ravir à la république mexicaine cette terre texienne où je suis né et qui est le plus beau fleuron de son Union. C’est moi, moi seul qui vous ai vendu, moi, Lopez Hidalgo d’Avila, mais non pas lâchement comme vous le supposez, car le moment venu de me faire connaître à vous, je m’étais juré à moi-même de vous révéler ma conduite ; maintenant vous savez tout, je suis en votre pouvoir. Voilà mes armes, ajouta-t-il en les jetant à terre avec dédain, je ne résisterai pas, faites ce que bon vous semblera de moi.

Après avoir prononcé ces paroles avec un accent de hauteur impossible à rendre, don Lopez Hidalgo croisa fièrement ses bras sur sa poitrine, releva la tête et attendit.

Les conjurés avaient écouté cette étrange révélation avec une indignation et une rage poussées à un paroxysme de violence tellement extrême, que leur volonté en fut pour ainsi dire paralysée, et que malgré eux ils demeurèrent immobiles. Mais dès que