Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
LES FRANCS TIREURS

que je l’ai fait, c’est pour des raisons qui vous sont complètement étrangères.

— Quels que soient les motifs de votre conduite, il est de mon honneur de vous en tenir compte.

— À votre aise ; je vous demande seulement de vous souvenir de nos conditions.

— Elles seront ponctuellement exécutées.

Le Jaguar s’inclina alors devant le général ; celui ci lui rendit son salut, et, faisant signe à ses officiers de le suivre, il sortit du salon.

Le jeune chef écouta attentivement le bruit des pas qui s’éloignaient rapidement, puis il se redressa.

— Quoi, s’écria-t-il avec surprise en apercevant le colonel, vous êtes encore ici, señor don Juan ?

— Oui, frère, répondit celui-ci d’une voix triste, je suis encore ici.

Le Jaguar s’avança vivement vers lui, et lui prenant la main :

— Qu’avez-vous à me dire, ami ? Est-ce un nouveau malheur que vous me venez annoncer ?

— Hélas ! ami, quel malheur plus grand vous annoncerais-je que celui qui, en ruinant nos plus chères espérances, nous a plongés dans le désespoir ?

— Avez-vous reçu des nouvelles de nos amis ?

— Aucune.

— Tranquille ?

— Je ne sais ce qu’il est devenu.

— Le Cœur-Loyal ?

— Disparu aussi.

— Écoutez, frère, cette situation ne peut plus longtemps durer. Quoi qu’il arrive, il faut qu’elle