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LES FRANCS TIREURS

L’homme qui tenait le colonel renversé le laissa libre.

Celui-ci se releva tout peiné et tout honteux.

— Eh bien, reprit le jeune homme, acceptez-vous, général ?

— Oui, démon, répondit celui-ci avec colère, mais je me vengerai.

— Ainsi, vous me donnez votre parole de soldat que les conditions que je vous impose seront loyalement exécutées par vous ?

— Je vous la donne ; mais qui me garantira que, de votre côté, vous agirez loyalement ?

— Mon honneur, señor général, répondit fièrement le Jaguar, mon honneur qui, vous le savez, est aussi immaculé que le vôtre.

— C’est bien ! señor, je me fie à vous comme vous vous fiez à moi. Faut-il vous rendre nos épées ?

— Général, répondit le Jaguar avec noblesse, un brave soldat ne se sépare jamais de ses armes ; je rougirais de vous enlever les vôtres. Vos compagnons peuvent ainsi que vous conserver leurs épées.

— Merci de cette courtoisie, caballero, elle me prouve que tout bon sentiment n’est pas mort dans votre cœur. Maintenant j’attends que vous me donniez les moyens de sortir de l’endroit dans lequel vous m’avez si adroitement fait tomber.

— Vous allez être satisfait, seigneur général. Quant à vous, colonel, vous pouvez vous retirer, la porte est ouverte maintenant.

— Pas avant de vous avoir vu, répondu l’officier.

— À quoi bon, si vous ne m’avez pas reconnu ? dit le jeune homme en reprenant sa voix naturelle.

— Le Jaguar, s’écria le colonel avec surprise. Ah !