Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
LES FRANCS TIREURS

— Ainsi, vous voulez me faire tomber dans le même guet-apens où probablement sont tombés avant moi le général et ses officiers. Essayez, señor. Seulement, je vous avertis que je suis sur mes gardes et que je me défendrai.

— Vos paroles sont dures, colonel. Vous insultez gratuitement un homme dont jusqu’à présent vous n’avez pas eu réellement à vous plaindre, et que vous regretterez d’avoir offensé lorsque vous le connaîtrez.

— Faites-moi connaître le sort de mes compagnons, dites-moi quelles sont vos intentions à mon égard.

— Mes intentions sont meilleures que les vôtres, colonel ; car, si vous me teniez en votre pouvoir comme je vous tiens au mien, il est probable que, si ce n’est pas vous, du moins votre général me ferait payer cher l’imprudence que j’aurais commise ; mais brisons là, nous n’avons déjà perdu que trop de temps. Le général Rubio et ses officiers sont mes prisonniers, vous-même reconnaissez intérieurement que vous êtes à ma discrétion ; faites retirer les soldats qui cernent ma demeure, donnez-moi votre parole d’honneur que rien ne sera tenté contre moi par le gouvernement mexicain avant vingt-quatre heures, et je vous rends immédiatement la liberté à tous.

— Je ne sais qui vous êtes, señor ; les conditions que vous voulez m’imposer sont celles d’un vainqueur à des ennemis réduits à l’impuissance.

— Qu’êtes-vous autre chose en ce moment ? interrompit le jeune homme avec violence.

— Soit ; mais je ne puis prendre sur moi d’accep-