Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
LES FRANCS TIREURS

fût assez noire pour empêcher le Jaguar de reconnaître ses traits, cependant à l’éclat de ses broderies qui épincelaient dans l’ombre et au frottement de ses éperons et du fourreau de son sabre sur les dalles, il comprit qu’il se trouvait de nouveau en présence d’un officier supérieur mexicain.

Cependant au bout d’un instant les yeux du Jaguar, doués peut-être de cette précieuse faculté que possèdent les animaux de la race féline de voir la nuit, semblèrent avoir reconnu l’étranger. Le jeune homme fronça les sourcils et fit un geste de désappointement.

— N’y a-t-il donc personne ici ? demanda l’officier en s’arrêtant sur le seuil de la porte avec une hésitation bien excusable.

— Qui êtes-vous, et que voulez-vous ? répondit le Jaguar en déguisant sa voix.

— La question est curieuse, reprit l’officier en faisant un pas en avant, la main sur la poignée de son sabre ; faites d’abord éclairer cette salle qui ressemble à un coupe-gorge, nous causerons ensuite.

— À qui bon, pour ce que nous avons à nous dire ? Vous pouvez du reste laisser en repos votre sabre : bien que cette maison soit obscure, ce n’est pas un coupe-gorge ainsi que vous paraissez le croire.

— Que sont devenus le général Rubio et les officiers qui l’accompagnaient ?

— Me les avez-vous donnés à garder, colonel Melendez, répondit le Jaguar d’un ton de sarcasme.

— Qui donc êtes-vous, vous qui semblez me connaître et me répondez d’une si étrange sorte ?