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LES FRANCS TIREURS

mois, vous êtes caché dans cette maison dont vous avez fait le quartier général de l’insurrection, et où vous préparez tout pour l’audacieuse entreprise que vous voulez tenter. Vous avez à votre disposition de nombreux émissaires, des affidés fidèles ; le gouvernement des États-Unis vous fournit en abondance les armes et les munitions dont vous croyez avoir bientôt besoin. Vos mesures ont été si bien prises, vos machinations conduites avec une si grande habileté ; vous vous croyez tellement sur le point de réussir, que vous avez aujourd’hui, il y a une heure à peine, convoqué ici les principaux meneurs de votre parti, afin de leur donner vos dernières instructions. Est-ce bien cela ? suis-je bien instruit ? répondez, caballero.

— Que voulez-vous que je vous réponde, général, fit le jeune homme avec un charmant sourire, puisque vous savez tout ?

— Ainsi, vous avouez que vous êtes le Jaguar, le chef des Francs Tireurs.

— Canarios ! je le crois bien.

— Vous avouez aussi que vous êtes venu ici dans le but de vous emparer de la ville ?

— Incontestablement, reprit-il d’un air railleur, cela ne fait pas l’ombre d’un doute.

— Faites-y bien attention, dit sèchement le général, ceci est beaucoup plus sérieux que vous ne paraissez le croire.

— Que diable voulez-vous que j’y fasse, général ? ce n’est point de ma faute : vous entrez chez moi sans dire gare avec une nuée de soldats et d’officiers, vous entourez ma maison, vous vous en emparez, et lorsque vous avez terminé ce métier