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LES FRANCS TIREURS

respirent une irritation regrettable ; l’état d’effervescence dans lequel se trouve en ce moment le Texas serait plus que suffisant pour autoriser la démarche insolite que je fais auprès de vous.

— J’ignore ce à quoi il vous plaît de faire allusion, señor général, dit froidement le jeune homme ; que le Texas soit dans un état d’effervescence, cela est possible : au besoin les vexations du gouvernement à son égard le justifieraient complètement ; mais pour ce qui me regarde, moi personnellement, j’aurais peut-être droit de me plaindre de voir sans sommation préalable, lorsque rien ne vient autoriser cette mesure arbitraire, ma maison envahie par la force armée.

— Êtes-vous bien sûr, caballero, que je n’aie pas le droit d’agir ainsi que je le fais ? vous croyez-vous tellement à l’abri du soupçon, que vous considériez réellement cette démarche comme arbitraire ?

— Je vous répète, caballero, reprit le jeune homme avec hauteur, que je ne comprends rien aux paroles que vous me faites l’honneur de m’adresser. Je suis un citoyen paisible ; rien dans ma conduite n’a, que je sache, éveillé la sollicitude jalouse du gouvernement ; s’il plaît à ses agents de me faire subir une vexation imméritée, il n’est pas en mon pouvoir de m’y opposer autrement qu’en protestant énergiquement contre l’injure qui m’est faite. Vous avez la force de votre côté, général, faites ce que bon vous semblera ; je suis seul ici, je ne chercherai en aucune façon à résister aux mesures que vous jugerez convenable de prendre.

— Ce langage, caballero, est celui d’un homme bien sûr de son fait.