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LES FRANCS TIREURS.

Enfin l’inconnu reprit avec une expression de joie qu’il ne chercha pas à dissimuler :

— Allons, je ne m’étais pas trompé, vous êtes de braves cœurs.

John Davis haussa les épaules.

— By god ! dit-il, l’épreuve était inutile ; vous deviez savoir depuis longtemps qui nous sommes.

— Certes, je le savais, mais mon honneur me commandait d’agir ainsi que je l’ai fait. Maintenant, tout est dit ; nous réussirons ou nous périrons tous ensemble.

— À la bonne heure, voilà qui est parler, by god ! fit l’ancien marchand d’esclaves avec un gros rire ; les partisans de Santa-Anna n’ont qu’à bien se tenir, car ou je me trompe fort, ou avant peu nous leur taillerons des croupières.

En ce moment un sifflement aigu, bien qu’assez éloigné, se fit entendre.

L’inconnu étendit le bras pour recommander le silence.

Un second sifflement plus rapproché traversa l’espace.

— Messieurs, reprit l’inconnu, on m’avertit de l’approche d’un ennemi ; peut-être n’est-ce qu’une fausse alerte, cependant l’intérêt de la cause que nous défendons nous ordonne impérieusement la prudence. Suivez John Davis, tandis que moi je recevrai l’importun qui nous arrive.

— Venez, dit l’Américain.

Les conjurés, car ces hommes n’étaient autres que des conspirateurs, eurent un instant d’hésitation, il leur répugnait de se cacher.

— Allez, reprit l’inconnu, il le faut.