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LES FRANCS TIREURS.

Les conditions imposées aux vaincus par le chef de l’armée texienne, furent les mêmes que celles que dans le principe il leur avait offertes.

Les Mexicains, persuadés que les Texiens étaient des hommes plus d’à demi sauvages, furent agréablement surpris de cette mansuétude sur laquelle ils étaient loin de compter, et s’engagèrent sans hésiter à observer scrupuleusement les conditions de la capitulation.

La garnison mexicaine devait au lever du soleil quitter l’hacienda.

À peine les préliminaires de la reddition de la place étaient-ils convenus entre les deux chefs, que tout à coup des cris perçants se firent entendre dans les bâtiments occupés par les femmes.

Presque aussitôt le Scalpeur-Blanc, dont pendant l’entraînement du combat on ne s’était pas occupé et qu’on avait perdu de vue, sortit de ces bâtiments portant jetée sur son épaule une femme dont la longue chevelure traînait jusqu’à terre.

Le vieillard avait le regard étincelant, l’écume à la bouche ; de la main droite il brandissait son rifle qu’il tenait par le canon, et reculait pas à pas comme un tigre aux abois devant ceux qui cherchaient vainement à lui barrer le passage.

— Ma fille ! s’écria Tranquille en se précipitant vers lui.

Il avait reconnu Carméla.

La pauvre enfant était évanouie, elle semblait morte.

Le colonel et le Jaguar avaient eux aussi reconnu la jeune fille et s’étaient d’un commun accord élancés à son secours.