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LES FRANCS TIREURS.

— Eh bien ? demanda-t-il.

— Tout va bien, montez, pas le moindre bruit.

Les quatre cents Texiens surgirent alors les uns après les autres du fond du souterrain.

Au fur et à mesure qu’ils mettaient le pied sur la sol ils prenaient silencieusement leur rang.

Lorsque tous furent arrivés dans le corral le Jaguar rebattit la dalle, puis se tournant vers ses compagnons :

— Toute retraite nous est enlevée, leur dit-il d’une voix basse mais parfaitement distincte, maintenant ils nous faut vaincre ou mourir !

Les insurgés ne répondirent pas, mais leurs yeux lancèrent de si fulgurants éclairs que le Jaguar comprit qu’ils ne reculeraient pas d’un pouce.

Ce fut un moment d’anxiété terrible que celui qui s’écoula pendant que le Scalpeur-Blanc forçait la porte.

— En avant ! cria le Jaguar.

Tous ses compagnons se ruèrent à sa suite avec la force irrésistible d’un torrent qui brise ses digues.

Au contraire des Texiens dont le camp avait été si facilement envahi, les Mexicains ne dormaient pas, ils étaient, eux, parfaitement éveillés.

D’après les ordres du colonel, aussitôt après qu’il avait quitté l’hacienda, toute la garnison avait pris les armes et s’était rangée dans le patio, afin, si besoin était, de porter immédiatement secours au corps expéditionnaire.

Cependant ils étaient si loin de s’attendre à être attaqués surtout de cette façon, que l’apparition subite de cette troupe de démons qui semblaient surgir de l’enfer leur causa une surprise et une terreur