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LES FRANCS TIREURS.

seurs ; vos compagnons, dès qu’ils se seront ralliés, suffiront pour repousser leurs agresseurs.

Le Jaguar hésitait.

— Que faire ? murmura-t-il, d’un air indécis, en jetant un regard interrogateur aux hommes qui se pressaient autour de lui.

— Agir sans perdre une minute, s’écria avec entraînement le vieillard, et d’un coup vigoureusement appliqué il défonça la porte qui tomba en éclats sur le sol ; voilà l’issue ouverte, reprit-il, reculerez-vous ?

— Non, non, s’écrièrent-ils avec élan, et ils s’engouffrèrent dans le souterrain béant devant eux.

Ce souterrain formait un corridor assez large pour que quatre personnes pussent y marcher de front, et d’une hauteur suffisante pour qu’on ne fût pas contraint de se baisser ; il s’élevait en pente douce ; ce souterrain s’allongeait en nombreux détours qui en faisaient une sorte de labyrinthe.

L’obscurité était complète, mais l’élan était donné, et l’on n’entendait d’autre bruit que celui de la respiration haletante de ces hommes, et de leurs pas pressés qui résonnaient sourdement sur le sol humide qu’ils foulaient.

Après vingt minutes environ d’une marche qui parut durer un siècle, la voix du Scalpeur s’éleva dans les ténèbres et prononça ce seul mot : Halte.

Chacun s’arrêta.

— C’est ici qu’il nous faut prendre nos dernières dispositions, continua le Scalpeur, mais d’abord laissez-moi vous procurer de la lumière afin que vous sachiez bien où vous êtes.

Le vieillard, qui semblait doué du précieux pri-