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LES FRANCS TIREURS

ment pour eux, étaient encore au pouvoir de leurs compagnons, et ils se précipitèrent dans le patio.

Là un spectacle terrible s’offrit à leurs yeux.

Voilà ce qui s’était passé :

Au moment où le Scalpeur-Blanc se préparait à faire sauter la porte avec le levier, la clameur poussée par les Mexicains en incendiant le camp des insurgés, arriva jusqu’aux Texiens groupés dans la grotte.

— Rayo de Dios ! s’écria le Jaguar, qu’est-ce que cela signifie ?

— Probablement les Mexicains qui attaquent votre camp, répondit tranquillement le vieillard.

Le jeune chef lui jeta un regard de travers.

— Nous sommes trahis, dit John Davis en armant un pistolet dont il dirigea le canon vers le vieillard.

— Je commence à le croire, murmura le Jaguar en reprenant tous ses soupçons.

— Par qui, demanda le Scalpeur-Blanc avec un sourire de mépris.

— Par vous, by god ! répondit rudement l’Américain.

— Vous êtes fou ! dit le vieillard en haussant les épaules avec dédain, si je vous avais trahi, vous aurais-je conduit ici ?

— C’est vrai ! fit le Jaguar ; mais cela est étrange, le bruit augmente. Les Mexicains massacrent sans doute nos compagnons, nous ne pouvons les abandonner ainsi, il nous faut aller à leur secours.

— N’en faites rien, s’écria vivement le Scalpeur. Hâtez-vous, au contraire, d’envahir la forteresse abandonnée sans doute de la plupart de ses défen-