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LES FRANCS TIREURS.

des Mexicains de gagner du terrain, et lorsque les Texiens revinrent à la charge avec une nouvelle ardeur, le moment propice était passé, et les Mexicains étaient définitivement à l’abri de toute insulte.

— Vive Dios ! s’écria le colonel en rejoignant sa troupe, l’affaire a été chaude, mais l’avantage nous reste.

— Je n’ai pas vu le Jaguar pendant toute l’action, murmura le Canadien.

— En effet, reprit le jeune homme, c’est étrange.

— Son absence m’inquiète, dit tristement le chasseur ; j’aurais préféré qu’il fût là.

— Où peut-il être ? dit le colonel devenu subitement pensif.

— Peut-être ne l’apprendrons-nous que trop tôt, répondit le Canadien avec un hochement de tête de mauvais augure.

Tout à coup et comme si le hasard eût voulu donner raison aux tristes prévisions du chasseur s’éleva de l’hacienda une rumeur immense au milieu de laquelle on distinguait des cris de détresse mêlés au crépitement continu de la fusillade. Puis, une lueur sinistre s’éleva au-dessus du Mezquite qu’elle colora de reflets d’incendie.

— En avant ! en avant ! cria le colonel ; l’ennemi s’est introduit dans la place !

Du premier coup d’œil le jeune officier avait compris ce qui se passait, et la vérité s’était fait jour dans son esprit.

Tous s’élancèrent vers l’hacienda dans l’intérieur de laquelle paraissait se livrer un combat acharné.

Bientôt ils atteignirent les portes qui, heureuse-