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LES FRANCS TIREURS.

fumée bordait les flammes attisées par les Mexicains, qui bondissaient comme des bêtes fauves en poussant des hurlements terribles.

Tous ces cris réunis formaient un chœur d’une horreur inexprimable, dont le retentissement s’étendait jusqu’à l’extrême limite de l’horizon, lugubre et triste comme celui d’une mer qui monte.

Tels sont les résultats affreux des guerres civiles, qu’elles déchaînent et décuplent toutes les mauvaises passions des hommes ; alors ceux-ci mettent en oubli tout sentiment humain dans l’espoir d’atteindre le but qu’ils ambitionnent, et poussent incessamment en avant sans se soucier si leurs pieds trébuchent contre des ruines ou marchent dans le sang.

Cependant, le premier mouvement de surprise passé, les insurgés commencèrent peu à peu à se rallier, malgré les efforts incessants des Mexicains, et la résistance s’organisa tant bien que mal.

Le colonel Melendez avait atteint son but, la réussite de son coup de main était complète, les pertes des Texiens en hommes et en munitions, immenses ; il ne voulut pas, avec aussi peu de monde qu’il en avait autour de lui, s’engager davantage dans ce camp en feu où l’on ne marchait que sous une voûte de flammes, risquant à chaque instant d’être atteint par les débris lancés des magasins à poudre qui sautaient les uns après les autres, avec un fracas horrible.

Le colonel jeta un regard de triomphe sur les ruines fumantes amoncelées autour de lui et fit sonner définitivement la retraite.

Les Mexicains s’étaient laissés entraîner dans tou-