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LES FRANCS TIREURS

— En avant donc et à la grâce de Dieu ! dit résolument le jeune officier.

L’ordre fut transmis à voix basse, et les soldats, que ce long colloque avait fort intrigués et qui redoutaient d’être contraints de retourner sur leurs pas, le reçurent avec joie et s’avancèrent avec une nouvelle ardeur.

La distance qui les séparait de l’épaulement fut bientôt franchie, et les retranchements furent escaladés sans qu’une seule des sentinelles apaches donnât l’éveil.

Soudain de trois points différents du camp une immense gerbe de feu s’éleva en tourbillonnant vers le ciel, et les Mexicains s’élancèrent en courant aux cris de : Viva Mejico ! sur les insurgés réveillés en sursaut et qui, encore à peine éveillés, couraient ça et là sans rien comprendre à cet ouragan de flammes qui les enveloppait de toutes parts, et à ces cris terribles qui résonnaient comme un glas funèbre à leurs oreilles.

Pendant près d’une heure la lutte fut un chaos, la fumée et le bruit enveloppaient tout.

D’après la coutume américaine, les insurgés avaient pour la plupart leurs femmes et leurs enfants avec eux ; aussi dès le premier moment le combat prit-il des proportions gigantesquement horribles.

La campagne était couverte d’une mêlée confuse de femmes égarées qui appelaient leurs maris ou leurs frères, de cavaliers apaches galopant au milieu des piétons atterrés, de tentes renversées d’où s’élevaient des cris d’enfants et des gémissements de blessés.

Puis tout autour du camp une immense ligne de