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LES FRANCS TIREURS.

de façon à présenter un front de bandière assez étendu ; puis chaque soldat s’allongea sur le sable, et au signal murmuré à voix basse par les guides, ils commencèrent à ramper comme des reptiles dans les hautes herbes, se frayant un passage à travers les buissons, s’avançant en droite ligne devant eux et franchissant les obstacles sans jamais les tourner.

Nous avons dit que le Scalpeur-Blanc, dans l’intention sans doute de donner une plus grande sécurité à la garnison du Mezquite et afin de lui persuader que tout était tranquille au camp, s’était opposé à ce que les sentinelles apaches fussent éveillées, considérant leur vigilance comme à peu près inutile, dans la persuasion où il était que les Mexicains n’oseraient quitter leurs lignes de défense et se hasarder à prendre l’initiative d’une sortie.

La direction que le vieillard avait donnée au détachement qu’il guidait, en l’éloignant des approches de la forteresse, avait encore servi les projets du colonel, qui, sans cela, auraient probablement été déjoués.

Cependant, le chasseur canadien était trop prudent et trop accoutumé aux ruses des guerres indiennes pour ne pas s’assurer premièrement qu’il n’avait aucun piége à redouter.

Aussi, arrivé à une quinzaine de pas environ des épaulements, il fit faire halte, puis se glissant comme un serpent à travers les broussailles et les arbres morts qui jonchaient le sol en cet endroit, il poussa une reconnaissance en avant.

Le Cœur-Loyal et le Cerf-Noir, auxquels avant de quitter l’hacienda il avait donné des instructions dé-