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LES FRANCS TIREURS

Les trois détachements se séparant aussitôt quittèrent l’hacienda par trois portes différentes.

Le plan du colonel était on ne peut plus simple : descendre sans être entendu jusqu’au camp des rebelles, y entrer par trois côtés différents et y mettre le feu à trois places à la fois ; puis, profitant du désordre et du tumulte occasionnés par cette surprise, se ruer sur les rebelles, aux cris de Viva Mejico ! les empêcher de se rallier ou d’éteindre l’incendie, en massacrer le plus possible, puis opérer en bon ordre la retraite vers l’hacienda.

Au moment où les Mexicains quittèrent l’hacienda il leur arriva ce qui arrivait aux insurgés qui, au même instant, sortaient de leur camp, c’est-à-dire qu’ils furent soudain enveloppés par d’épaisses ténèbres.

Le colonel se pencha alors vers Tranquille, auquel il dit d’un ton de bonne humeur :

Ceci est de bon augure pour la réussite de notre expédition.

Le Jaguar disait à peu près la même chose au Scalpeur-Bianc, presque à la même minute.

Les trois détachements descendirent silencieusement la colline, marchant en file indienne, et prenant le plus grand soin d’étouffer le bruit de leurs pas sur le sol.

Arrivés à une certaine distance des retranchements texiens, ils s’arrêtèrent d’un commun accord pour reprendre haleine, comme des tigres qui, au moment de se jeter sur la proie qu’ils convoitent, se replient et se pelotonnent avant de s’élancer, afin de prendre un vigoureux élan,

Les lignes exécutèrent une conversion sur place,