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LES FRANCS TIREURS

Aussitôt sortis du camp les insurgés se rapprochèrent des bords de la rivière, dont les rives garnies d’épais buissons et de plantes aquatiques leur auraient offert, même en plein jour, un abri certain contre les Mexicains.

Arrivée à une demi-lieue environ des retranchements, la colonne s’arrêta ; le Scalpeur-Blanc s’avança seul de quelques pas en avant, puis il rejoignit le Jaguar.

— C’est ici que nous devons traverser la rivière, lui dit-il ; il y a un gué, les hommes n’auront de l’eau que jusqu’à la ceinture.

Et donnant l’exemple, le vieillard descendit le premier dans le lit de la rivière.

Les autres suivirent immédiatement ; ainsi que l’avait annoncé le Scalpeur, les soldats n’avaient de l’eau que jusqu’à la ceinture.

Ils passèrent sur trois de front, et en serrant les rangs afin de refouler le courant assez fort, qui sans ces précautions aurait pu les entraîner.

Dix minutes plus tard toute la troupe se trouvait réunie dans l’intérieur de la grotte au fond de laquelle s’ouvrait la porte secrète.

— Le moment est venu, dit alors le Jaguar, de redoubler de prudence ; évitons, si cela est possible, l’effusion du sang ; que pas un mot ne soit prononcé, pas un coup de rifle tiré sans mon ordre, il y va de la vie ; puis se tournant vers le Scalpeur-Blanc

— Maintenant, lui dit-il d’une voix ferme, ouvrez la porte !

Il y eut alors un moment d’anxiété suprême pour les insurgés, qui attendaient en frémissant d’impa-