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LES FRANCS TIREURS

— Eh bien ! c’est justement dans ces rochers, presque au niveau de l’eau, que se trouve la porte par laquelle nous nous introduirons ; elle s’ouvre au fond d’une grotte naturelle dont l’entrée est tellement obstruée par les plantes grimpantes, que du rivage opposé il est impossible d’en soupçonner l’existence.

— Enfin ! s’écria le Jaguar, cette redoute, qui jusqu’à présent a constamment été un des anneaux de la lourde chaîne rivée sur le Texas, sera donc demain une des plus solides barrières de son indépendance. Que Dieu soit loué, lui qui a permis qu’un aussi éclatant triomphe couronnât nos efforts !

— J’espère vous voir maître de la place avant le lever du soleil.

— Dieu vous entende !

— Maintenant, nous partirons quand vous voudrez.

— Tout de suite, tout de suite.

Ils sortirent de la tente.

D’après les ordres du Jaguar, John Davis avait fait éveiller quatre cents hommes choisis parmi les plus résolus et les plus adroits tireurs des partisans texiens réunis en ce moment devant la place.

Ils étaient rangés à quelques pas de la tente, immobiles et silencieux. Leurs rifles, dont les canons étaient bronzés, afin de ne pas jeter d’éclairs dénonciateurs aux reflets des rayons de la lune, étaient posés en faisceaux sur le sol.

Les officiers formaient un groupe à part. Ils causaient entre eux à voix basse avec une certaine animation, ne comprenant rien à l’ordre qu’ils avaient reçu et ne sachant pas pour quelle raison leur chef les avait fait éveiller.