Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
218
LES FRANCS TIREURS

Malgré lui, le Jaguar se sentit ému, il fut séduit et entraîné par cet accent qui lui parut venir du cœur.

— J’accepte, dit-il d’une voix ferme.

— J’y comptais, répondit le vieillard ; chez les natures jeunes et généreuses, les bons sentiments trouvent toujours de l’écho. Vous ne vous repentirez pas de la confiance que vous m’accordez.

— Voilà ma main, dit le jeune homme avec entraînement serrez-la sans crainte, c’est celle d’un ami.

— Merci, répondit le vieillard, tandis qu’une larme brûlante perlait à ses paupières ; cette parole me paie de bien des souffrances et de bien des douleurs.

— Maintenant, expliquez-moi votre projet.

— C’est ce que je vais faire en deux mots ; seulement, avant que nous débattions le plan que nous adopterons, faites sans bruit rassembler trois ou quatre cents hommes afin que nous puissions nous mettre en marche aussitôt que nous nous serons entendus.

— Vous avez raison.

— Je n’ai pas besoin de vous conseiller la prudence ; il faut que vos hommes se réunissent dans le plus grand silence. Ne prenez pas de Peaux-Rouges avec vous, ils vous seraient plus nuisibles qu’utiles. Je ne tiens pas à être vu d’eux, vous savez que je suis leur ennemi.

— Soyez tranquille, j’agirai comme vous le désirez.

Le Jaguar sortit, son absence dura un quart d’heure à peine ; pendant ce temps le Scalpeur-Blanc demeura immobile au milieu de la tente, appuyé