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LES FRANCS TIREURS.

vieux routier des prairies pour ne pas mettre en défaut les sentinelles les plus vigilantes ; je préfère vous avouer la vérité, elle vous sera plus profitable. Vous avez confié cette nuit la garde de votre camp à des chiens apaches, qui au lieu de veiller, comme ils s’y sont engagés, se sont endormis à leur poste, si bien que le premier venu peut s’introduire, comme bon lui semble, dans vos lignes, et cela est si vrai, qu’il y a à peine deux heures, une troupe de huit individus a traversé votre camp dans toute sa longueur, et est entrée dans l’hacienda sans que personne ait cherché à s’y opposer.

— Vive Dios ! s’écria le Jaguar en se levant blême de colère, est-il donc possible qu’il en soit ainsi ?

— J’en suis la preuve, il me semble, répondit simplement le vieillard.

Le jeune homme saisit ses pistolets et fit un brusque mouvement pour s’élancer au dehors, l’étranger le retint.

— À quoi bon, lui dit-il, soulever une querelle avec vos alliés ? C’est un fait accompli, mieux vaut en subir les conséquences ; seulement que cela vous serve de leçon pour prendre une autre fois mieux vos précautions.

— Mais ces hommes qui ont traversé le camp ? reprit le Jaguar d’une voix saccadée.

— Vous n’avez rien à redouter d’eux, ce sont de pauvres diables de chasseurs qui probablement cherchaient un refuge pour les deux femmes qu’ils emmenaient au milieu d’eux.

— Deux femmes ?

— Oui, une blanche et une indienne ; bien