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LES FRANCS TIREURS

— Vous croyez, n’est-ce pas, que le camp ennemi est plongé dans le sommeil ? reprit le colonel.

— C’est ma conviction, répondit Tranquille, nous avons trop facilement traversé leurs lignes pour qu’il en soit autrement.

Don Félix se rapprocha.

— Oui, murmura le jeune officier, ce serait une leçon à leur donner.

— Leçon dont ils ont grand besoin, appuya te mayordomo.

— Ah ! ah ! fit en souriant le colonel, vous m’avez compris, don Félix ?

— Certes.

— Et vous m’approuvez ?

— Entièrement.

— Il est une heure du matin, reprit le colonel en jetant un regard sur une pendule placée sur une console ; c’est le moment où le sommeil est le plus profond. Soit, nous tenterons une sortie : faites éveiller les officiers de la garnison.

Le mayordomo sortit. Cinq minutes plus tard, les officiers encore à demi endormis se rendaient à l’ordre de leur chef.

— Caballeros, leur dit celui-ci, dès qu’il les vit rangés autour de lui, j’ai résolu de faire une sortie contre les rebelles, de les surprendre et d’incendier leur camp si cela est possible. Choisissez parmi vos soldats cent cinquante hommes sur lesquels vous puissiez compter ; faites-leur prendre les armes ; munissez-les de matières inflammables, et que dans cinq minutes ils soient rangés dans le patio. Allez, surtout je vous recommande le plus grand silence.