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LES FRANCS TIREURS

mit et continua à écouter attentivement le récit du chasseur.

Lorsque celui-ci arriva à l’incident de la grotte et à la bribe de conversation surprise par lui entre le chef apache et le Texien, son intérêt fut vivement excité, et il lui fit recommencer le récit de cette aventure.

— Oh ! cette lettre, murmura-t-il à plusieurs reprises, cette lettre, que ne donnerais-je pas pour en connaître le contenu !

Malheureusement cela était impossible. Au bout d’un instant, le colonel pria Tranquille de continuer son récit.

Le chasseur lui raconta alors de quelle façon il était parvenu à traverser les lignes ennemies et à s’introduire dans la place.

Cette action hardie frappa vivement le colonel.

— Vous avez été plus heureux que prudent, dit-il, en vous aventurant ainsi au milieu des ennemis.

Le chasseur sourit d’un air de bonne humeur.

— J’étais à peu près certain de réussir, dit-il.

— Comment cela ?

— J’ai une longue expérience des coutumes des Indiens, qui me permet de jouer presque à coup sûr contre eux.

— D’accord ; mais ici ce n’était pas à des Indiens que vous aviez affaire.

— Pardonnez-moi, colonel.

— Je ne vous comprends pas ; veuillez, je vous prie, vous expliquer.

— C’est chose facile : le Renard-Bleu est arrivé ce soir au camp texien à la tête de deux cents guerriers.