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LES FRANCS TIREURS

n’était qu’à de très-longs intervalles qu’un coup de canon partait de la forteresse.

Ce coup isolé, fort mal pointé à cause de la précipitation que les servants apportaient à rectifier leur tir tant ils redoutaient d’être mutilés ne causait que d’insignifiants dommages aux insurgés, qui s’applaudissaient avec raison du bon résultat de cette cible d’une nouvelle espèce.

D’un autre côté, la place était si étroitement investie et surveillée avec tant de soin, que rien ne pouvait y entrer ni en sortir.

Personne dans la place ne comprenait comment les aventuriers étaient parvenus à se glisser dans l’hacienda en traversant le camp ennemi dans toute sa longueur.

Nous devons constater en passant, afin d’être juste envers tout le monde, que les aventuriers le comprenaient moins que personne.

La garnison de l’hacienda vivait donc comme si elle eût été brusquement séparée du monde, car aucun bruit ne transpirait du dehors et aucune nouvelle ne parvenait jusqu’à elle.

Cette situation était extrêmement désagréable pour les Mexicains ; malheureusement pour eux, elle s’aggravait tous les jours et menaçait de devenir avant peu complètement intolérable.

Le colonel Melendez, depuis le commencement du siége, s’était montré ce qu’il était, c’est-à-dire un officier d’un rare mérite, d’une vigilance que rien ne pouvait mettre en défaut et d’une bravoure à toute épreuve.

Voyant ses artilleurs si cruellement décimés par les balles texiennes, il avait voulu les remplacer lui-