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LES FRANCS TIREURS.

Tranquille obéit, ses soins n’étaient plus nécessaires à doña Carméla : à peine la jeune fille avait-elle repris ses sens qu’elle était tombée dans un profond sommeil, suite naturelle des fatigues énormes que depuis quelques jours elle avait endurées.

Dans le trajet pour se rendre à l’appartement du colonel, Tranquille interrogea le mayordomo avec lequel il était lié de longue date. Celui-ci ne se fit aucun scrupule de répondre aux questions du chasseur.

Les choses étaient loin de bien aller au Mezquite : le siége se poursuivait avec un acharnement inouï des deux parts et des péripéties étranges.

Les insurgés, fort incommodés par l’artillerie de la forteresse qui leur tuait beaucoup de monde et à laquelle ils ne pouvaient répondre, vu leur manque absolu de canon, avaient adopté par représailles un système de riposte qui causait beaucoup de mal aux assiégés.

Ce système fort simple consistait en ceci : les insurgés, chasseurs pour la plupart, étaient des tireurs extraordinairement habiles et renommés pour tels dans un pays où la science du tir est poussée à ses extrêmes limites.

Un certain nombre de ces tireurs s’embusquaient derrière les épaulements du camp, et chaque fois qu’un artilleur se hasardait à charger une pièce, ils lui brisaient infailliblement les mains[1].

Ceci avait été poussé si loin, que presque tous les artilleurs se trouvaient hors de combat, et que ce

  1. Historique.