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LES FRANCS TIREURS

Tranquille et des personnes qui l’accompagnaient, ils se contentèrent de saluer en inclinant seulement la tête, sans témoigner le moindre désir d’apprendre ce qui s’était passé depuis leur départ ; ces hommes vivaient depuis si longtemps au désert, qu’ils en étaient arrivés à prendre toutes les façons indiennes.

Tranquille conduisit les deux femmes dans un compartiment assez éloigné de celui où ils se tenaient.

— Ici, leur dit-il d’une voix faible comme un souffle, il faut parler le moins possible et le plus bas qu’on peut, car on ne sait jamais quels voisins l’on a ; faites bien attention à cette recommandation, il y va de votre sûreté. Si vous avez besoin de moi, ou s’il vous plaît de vous réunir à nous, vous savez où nous sommes, il vous est facile de vous y rendre ; adieu.

Sa fille le retint par le bras et lui parla on instant à l’oreille.

Il s’inclina sans répondre et sortit.

Lorsque les deux femmes se trouvèrent seules, leur premier mouvement fut de tomber dans les bras l’une de l’autre.

Ce premier mouvement de sensibilité passé, elles se laissèrent aller sur le sol avec ce sentiment de bien-être qu’on éprouve lorsqu’on a longtemps vainement soupiré après un repos dont on sent un besoin extrême.

Au bout d’une heure environ, Tranquille revint.

— Est-ce que nous repartons ? lui demanda vivement Carméla, avec une anxiété nullement déguisée.