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LES FRANCS TIREURS.

renaître, le courage lui revint, et elle se redressa en poussant un soupir de soulagement.

Alors la route continua plus gaîment. Chacun, à l’apparition si désirée du jour, avait oublié les fatigues et les émotions de la nuit.

Deux heures plus tard, on arriva au pied d’une colline à mi-côte de laquelle s’ouvrait une grotte naturelle.

— C’est là que nos amis nous attendent, dit Tranquille.

Quelques instants plus tard, la petite troupe s’engouffrait à cheval dans la grotte, sans laisser de traces de son passage.

Cette grotte, de même que beaucoup d’autres, possédait plusieurs entrées, et c’est à cette particularité qu’elle devait de servir souvent de refuge aux coureurs des bois qui, en connaissant tous les détours, pouvaient facilement échapper aux recherches des ennemis qui auraient suivi leur piste.

Elle était divisée en plusieurs compartiments sans communication visible entre eux, et formait une espèce de dédale qui serpentait en méandres inextricables sous toute la colline.

Dans la prairie on lui avait donné le nom de Grotte des Jaguars ou Kenuy-Pangü en langue apache.

Les deux chasseurs, détachés en avant par le Canadien, étaient assis autour d’un énorme feu de bruyère et faisaient paisiblement rôtir un magnifique quartier d’élan en fumant silencieusement leur pipe.

Bien qu’ils dussent attendre leurs compagnons depuis longtemps déjà, cependant à l’arrivée de