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LES FRANCS TIREURS

Carméla avait été placée en croupe sur le cheval de Tranquille, et l’Oiseau-qui-chante sur celui du Cerf-Noir.

Le Canadien avait dit quelques mots à voix basse à Quoniam et à Lanzi, à la suite desquels les deux hommes, sans répondre, avaient piqué leurs chevaux et s’étaient éloignés au galop.

— Quand on a des dames avec soi, avait dit en riant Tranquille au Cœur-Loyal, il faut prendre des précautions.

Le chasseur ne lui avait pas demandé l’explication de ces paroles, et les quatre hommes avaient continué à marcher silencieusement.

La nuit tout entière s’écoula ainsi sans que rien vînt troubler leur voyage : les Apaches avaient tenu parole, ils s’étaient bien réellement éloignés.

Tranquille n’avait pas un instant douté de leur parole.

Parfois le chasseur se tournait vers la jeune fille, et lui demandait avec une inquiétude mal déguisée si elle se sentait fatiguée, mais toujours Carméla lui répondait que non.

Quelques minutes avant le lever du soleil, il se pencha une dernière fois vers elle.

— Courage, lui dit-il, nous arriverons bientôt.

La jeune fille essaya de sourire ; cette longue nuit passée à cheval l’avait accablée de fatigue : elle ne se sentait même plus la force de répondre, tant elle était annihilée.

Tranquille, inquiet de l’état de sa fille, pressa la. marche de la caravane.

Cependant aux lueurs du soleil, dont les chauds rayons vinrent la caresser, la jeune fille se sentit