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LES FRANCS TIREURS

des fautes qu’ils ont pu commettre jusqu’à ce jour, mais à cette condition seulement. Ils ont jusqu’au coucher du soleil de la présente journée pour faire leur soumission ; passé ce délai, ils seront tenus pour rebelles invétérés et traités comme tels, c’est-à-dire pendus haut et court sans aucun jugement, après constatation de leur identité, et privés comme indignes, à leurs derniers moments, des secours de la religion. Quant aux chefs, ils seront fusillés comme traîtres par derrière, puis leurs corps suspendus par les pieds à des gibets où ils demeureront attachés pour devenir la pâture des oiseaux de proie et servir d’exemple à ceux qui ne craindraient pas de suivre leurs traces. Réfléchissez donc et repentez-vous, car voilà les seules conditions que vous obtiendrez de moi[1] ; maintenant, caballeros, ajouta-t-il en se retournant vers les officiers, rentrons au fort, nous n’avons plus rien à faire ici,

Les assistants avaient écouté avec une surprise croissante cet étrange discours, prononcé d’un ton de sarcasme et de mépris hautain, qui avait gonflé de fiel le cœur des insurgés compagnons du Jaguar, tandis que les officiers du colonel ricanaient entre eux. D’un geste, le Jaguar imposa silence à ses compagnons, et s’inclinant cérémonieusement devant le colonel :

— Que votre volonté soit faite, dit-il, Dieu jugera entre nous ; que le sang versé retombe sur votre tête.

— J’en accepte la responsabilité, répondit le gouverneur avec dédain.

  1. Toute cette scène est historique. — Gustave Aimard.