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LES FRANCS TIREURS.

donne et la façon dont on envisage nos actes ; nous avons pris les armes pour donner l’indépendance à notre pays, et nous ne les déposerons que lorsque cette noble tâche sera accomplie. Voici les propositions que je crois devoir vous faire.

— Je ne puis ni ne veux traiter avec des rebelles, répondit nettement et sèchement le colonel.

— Vous agirez à votre guise, colonel, mais l’humanité vous ordonne d’éviter, s’il est possible, l’effusion du sang, et votre devoir vous commande impérieusement d’écouter ce que j’ai à vous dire.

— Soit, caballero, je vous écouterai ; je verrai ensuite ce que j’aurai à vous répondre ; seulement, soyez bref.

Le Jaguar appuya la pointe de son épée sur le sol et, jetant un regard clair et perçant sur l’état-major mexicain, il reprit la parole d’une voix haute, ferme et accentuée.

— Moi, commandant en chef de l’armée libératrice du Texas, je vous fais sommation, à vous, colonel au service de la république du Mexique, dont nous ne reconnaissons plus la souveraineté, d’avoir à nous livrer cette hacienda del Mezquite dont vous vous intitulez gouverneur et que vous retenez sans droit ni raison. Si dans les vingt-quatre heures la susdite hacienda, est remise entre nos mains avec tout ce qu’elle contient, canons, munitions, matériel de guerre ou autre, la garnison sortira de la place avec les honneurs de la guerre, en armes, tambours et trompettes sonnant ; puis, après avoir déposé les armes, la garnison sera libre de se retirer dans l’intérieur du Mexique, après toutefois avoir juré que pendant un an et un jour