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LES FRANCS TIREURS

effet, mieux vaut-il qu’il en soit ainsi ; laissez-moi une dernière fois serrer votre main loyale, et puis nous reprendrons chacun notre rôle.

— La voilà, mon ami, répondit le jeune chef.

Les deux hommes se pressèrent les mains par une chaleureuse étreinte, puis ils reculèrent de quelques pas en faisant signe à leurs escortes respectives de les rejoindre.

Lorsque les officiers se furent rangés derrière leurs chefs, le Jaguar ordonna à son trompette de sonner un appel.

Celui-ci obéit.

Le trompette mexicain répondit aussitôt.

Alors le Jaguar fit deux pas en avant, et se découvrant avec courtoisie devant le colonel :

— À qui ai-je l’honneur de parler ? dit-il.

— Je suis, répondit l’officier en rendant le salut, le colonel don Juan Melendez de Gongora, investi par le général don José-Maria Rubio, commandant en chef des troupes mexicaines dans le Texas, du gouvernement militaire de l’hacienda del Mezquite, élevée par la force des circonstances présentes au rang de place de guerre de premier ordre ; et vous, qui êtes-vous, caballero ?

— Moi, répondit le Jaguar en se redressant et remettant son chapeau sur sa tête, je suis le chef supérieur de l’armée confédérée du Texas.

— Les hommes qui prennent ce nom et celui qui les commande ne peuvent être considérés par moi que comme des traîtres à la patrie et des fauteurs de rébellion.

— Peu importe, colonel, le nom qu’on nous