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LES FRANCS TIREURS.

— Enfin, je veux parler à votre commandant, c’est avec lui seul que je dois traiter. Êtes-vous disposé à me le laisser voir ?

— Cela ne dépend pas de moi.

— De qui donc ?

— De lui.

— Fort bien. Puis-je compter que vous lui transmettrez ma demande ?

— Je n’y vois pas d’inconvénient.

— Veuillez donc retourner sur-le-champ auprès de lui, je vous attends à cette place, à moins que vous ne m’autorisiez à entrer dans la forteresse.

— Cela ne se peut pas.

— Comme il vous plaira ; j’attendrai donc ici votre réponse.

— À votre aise.

Les deux hommes se saluèrent courtoisement et prirent congé l’un de l’autre.

Don Félix Paz rentra dans la forteresse, tandis que le Jaguar, s’asseyant sur le tronc d’un arbre renversé, examina avec la plus grande attention les fortifications de l’hacienda dont, du lieu où il se trouvait en ce moment, l’ensemble était plus facile à saisir.

Le jeune homme appuya son coude sur son genou et laissa tomber sa tête dans sa main ; ses yeux erraient sur les objets environnants avec une expression d’indéfinissable mélancolie ; peu à peu une sombre tristesse s’empara de son esprit ; tout à ses pensées, les objets extérieurs disparurent de devant ses yeux, et, s’isolant complètement en soi-même il s’abandonna au flot d’amers souvenirs qui mon-