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LES FRANCS TIREURS

— Vous savez aussi bien que moi que nous combattons pour notre indépendance ?

— Fort bien. Alors vous êtes des insurgés ?

— Certes, et nous en tirons vanité.

— Hum ! nous ne traitons pas avec des révoltés, mis hors la loi, et qui, comme tels, ne peuvent nous offrir aucune garantie sérieuse.

— Caballero ! s’écria le Jaguar avec une impatience mal déguisée, j’ai l’honneur de vous faire observer que vous m’insultez.

— J’en suis désolé, mais quelle réponse autre que celle-là puis-je vous faire ?

Il y eut un moment de silence ; la vigoureuse résistance qui lui était opposée donnait de sérieuses inquiétudes au Jaguar.

— Étés-vous le commandant de la place ? demanda-t-il.

— Non.

— Pourquoi êtes-vous venu ?

— Parce qu’on me l’a ordonné.

— Hum ! et qui est le gouverneur de la place ?

— Un colonel.

— Pourquoi n’est-il pas venu en personne vers moi ?

— Parce que probablement il n’a pas jugé convenable de se déranger.

— Hum ! cette façon de procéder me paraît un peu sans gêne, la guerre a des lois que chacun doit suivre.

— C’est possible, mais ici il ne s’agit pas de guerre, ne confondons pas.

— De quoi s’agit-il donc, à votre avis ?

— D’insurrection.