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LES FRANCS TIREURS.

Le Jaguar, précédé d’un trompette et suivi par deux ou trois officiers, sortit du camp et gravit le monticule au sommet duquel s’élevait l’hacienda.

Un nombre d’officiers égal au sien était sorti de la place et s’avançait à sa rencontre.

Arrivé à peu près à égale distance des deux lignes, le Jaguar attendit.

Au bout de quelques minutes, les officiers mexicains le joignirent.

Don Félix Paz les commandait.

Après les premiers compliments échangés avec une extrême politesse, don Félix prit la parole :

— À qui ai-je l’honneur de parler ? demanda-t-il.

— Au commandant en chef de l’armée texienne, répondit le Jaguar.

— Nous ne connaissons pas d’armée texienne, répondit sèchement le mayordomo ; le Texas fait partie intégrante du Mexique ; son armée, la seule au moins qu’il doive posséder, est mexicaine.

— Si vous ne connaissez pas celle que j’ai l’honneur de commander, fit le Jaguar avec un sourire d’une ironie superbe, avant peu de temps, grâce à Dieu, elle aura fait tant de bruit que, malgré vous, vous la connaîtrez.

— C’est possible, mais quant à présent nous ne la connaissons pas.

— Vous ne voulez donc pas parlementer ?

— Avec qui ?

— Tenez, Caballero, nous tournons dans un cercle vicieux duquel je crains fort que nous ayons de la peine à sortir : soyons francs et jouons cartes sur table. Voulez-vous ?

— Je ne demande pas mieux.